• L’Autre

    Andrée Chedid

    « Je est un autre. » Arthur R.

    À force de m’écrire
    Je me découvre un peu
    Je recherche l’Autre

    J’aperçois au loin
    La femme que j’ai été
    Je discerne ses gestes
    Je glisse sur ses défauts
    Je pénètre à l’intérieur
    D’une conscience évanouie
    J’explore son regard
    Comme ses nuits

    Je dépiste et dénude un ciel
    Sans réponse et sans voix
    Je parcours d’autres domaines
    J’invente mon langage
    Et m’évade en Poésie

    Retombée sur ma Terre
    J’y répète à voix basse
    Inventions et souvenirs

    À force de m’écrire
    Je me découvre un peu
    Et je retrouve l’Autre.


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  • 1. Le Mariage

    C'est par un beau matin d'été que je reçu une lettre de mon père, exigeant mon retour à Londres. J'en étais fort désappointé. Une de nos juments allait mettre bas ces prochains jours et je ne pourrais assister à cette naissance. Mais soit. Il me fallait bien obéir. 

    1. Le Mariage

    1. Le Mariage

    Durant tout le trajet qui me menait jusqu'à la capitale, j'eus tout le temps de ressasser le passé. Cela faisait maintenant trois ans, depuis ma sortie d'internat, que je gérais le domaine familial. Et que j'essayais tant bien que mal de redresser notre situation financière. Malgré mes efforts, ce n'était guère brillant. Le mieux, en fait, aurait été que mon père vende sa demeure londonienne. Mais, ce n'était évidemment pas possible pour le Comte Bailey-Moon. Il en allait de son prestige. 

    Savoir qu'un jour j'hériterais du titre ne m'inspirait aucune peur, car étant l'ainé, j'étais formé depuis ma plus tendre enfance pour cela. Je me demandais juste ce qu'il resterait de notre fortune, une fois moi-même Comte. Mon père et ma mère n'étaient guère connus pour être des modèles d'économies... 

    Arrivé enfin à l'hôtel particulier de notre famille, j'eus à peine le temps de me rafraîchir que mon père me faisait mander dans le salon. Et, c'est lors d'une partie d'échéc que j'appris la raison de ma venue. 

    - Colin, mon fils, je pense qu'il est temps pour vous de vous marier. 

    - ... Hum, oui bien sûr, Père.. Mais est-ce si pressé ? Je n'ai que 21 ans après tout. 

    1. Le Mariage

    - Je vais être franc avec vous, Colin. Nous sommes presque ruinés. J'ai eu... quelques placements hasardeux... Il nous faut donc vous marier avec une riche héritière... 

    1. Le Mariage

    Cela ne me plaisait guère mais je savais que j'obéirais. Après tout, il était important pour moi également que le nom des Bailey-Moon ne soit pas entaché d'infamie. Mais j'aurais espéré avoir plus de temps. Et aussi plus d'expériences. Je n'y connaissais rien aux femmes. A 21 ans, j'étais toujours vierge. Ce n'est pas que je n'avais pas de désirs mais faire appel aux services d'une prostituée me révulsati et je ne pouvais évidemment pas satisfaire mes appétits charnels avec une jeune fille de bonne famille. 

    En allant dans ma chambre pour me préparer pour le dîner du soir, je me demandais si mon père avait déjà quelques idées sur ma future épouse. Je devrais sûrement assister à quelques bals avant de "choisir" ma fiancée. Mais bon, tout cela faisait parti du jeu.. 

    Arrivé dans la salle de réception, j'eus la surprise de voir que nous avions des invités : Lord et Lady Lobson, riches marchands londoniens qui avaient quelque notoriété et qui avait été anoblis par la Reine. Il y avait également leur fille, Madame Veuve Féliner. Je fus placé à côté de cette dame. Et, du début à la fin du repas, je dus supporter son verbiage insupportable. 

    1. Le Mariage

    Certes, Lilas Féliner était une belle femme, avec ses grands yeux violets et sa chevelure ébène mais elle était tout ce qui m'insupportait dans le sexe féminin : superficielle, bavarde et arrogante. Il n'y eut pas un sujet sur lequel nous étions d'accord. Et, je voyais parfois son regard s'attarder sur moi, quelque peu méprisant. Non, vraiment, ce dîner ne me laisserait pas un bon souvenir. 

    1. Le Mariage

    Pour autant, je n'étais pas au bout de mes surprises... 

    Alors que nous étions installés au salon pour boire le digestif, mon père lâcha la nouvelle qui me frappa comme un boulet de canon : 

    - Mon fils, j'ai vu comme vous vous entendiez bien avec Madame Féliner. Et, nous en avons discuté son père et moi et il est heureux de vous accorder la main de sa fille. Nous célébrerons votre union très bientôt. 

    1. Le Mariage

    - Hein ? Quoi ?.... Mais non, Père, cela ne peut être possible... 

    J'étais horrifié. Moi, époux de cette femme ? C'était hors de question. 

    - Taisez-vous, Colin. Vous obeirez, un point c'est tout. Je suis seul juge de ce qui est bon pour vous. 

    1. Le Mariage

    Mortifié, je baissais la tête et ne dit rien. Mais j'eus le temps de voir l'air extrêmement satisfait de Lilas, celle qui allait devenir ma femme.. Le destin n'aurait pas pu être pire... 

    1. Le Mariage

     

    **************

    Trois semaines passèrent, les bans furent publiés durant ce laps de temps et un jeudi après-midi, en très petit comité, nous fumes unis moi et Lilas. Cette précipitation en était vraiment embarrassante. Etions-nous donc à ce point aux abois ? J'avais vraiment l'impression d'être l'agneau que l'on menait au sacrifice. 

    1. Le Mariage

    Lilas devenait donc Madame Bailey-Moon. Ma femme. Je me demandais bien ce que cette créature attendait de ce mariage. Et, puisque je ne voulais point avoir de mystère entre nous, je lui posais la question. Elle se pencha vers moi et me chuchota : 

    1. Le Mariage

    - J'ai tout mon cher Colin : la beauté, la notoriété et la richesse. Il ne me restait plus qu'un titre de noblesse à avoir. Et vous me l'apportez sur un plateau d'argent. 

    J'eus une grimace. Cette femme, imbu d'elle-même et avide de gloire, était donc mon épouse ? Cela allait être bien difficile de la supporter... 

     

    Aussitôt le mariage célébré, nous partîmes pour le domaine principal, à la campagne. C'était moi qui avait posé cette condition : j'acceptais ce mariage mais je retournais aussitôt sur le domaine, et tant pis pour celle qui était mon épouse si cela lui ne plaisait pas. J'avais besoin de revenir auprès de ce qui m'était le plus cher.

    Nous sortîmes de la calèche et Lilas eut une exclamation enthousiaste en voyant la demeure dans laquelle elle allait vivre.

    - Madame, je vous présente le Manoir Bailey-Moon, votre nouvelle maison. 

    1. Le Mariage

     

     

     


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  • Journal de Rowan

     

    Jeudi matin

    Epilogue : Recommencement

     

    Mon journal, tu sais, un moment, en voyant partir Aliénor, j’ai cru qu’elle allait se sacrifier, telle une héroïne d’un de mes romans victoriens, emportant dans sa mort l’androïde maudit.

    Mais non. Allie est revenue, apportant avec elle les cendres de celle avec qui tout a débuté. Vivante et laissant Jay continuer la conquête de nos terres.

    Hé oui ! L’héroïsme, ce n’est plus ce que c’était, ma brave dame !

    Mais après tout, nous ne sommes pas dans un roman, la vraie vie est parfois bien plus bizarre qu’un livre. Bizarre comme le fait que Jay Sarren ait laissé la vie sauve à Allie. Il y a un mystère là-dedans que j’aimerais bien résoudre. Pour autant, Je sais qu’Allie ne sera jamais une traîtresse. Il y a là quelque chose que je ne comprends pas… Enfin, Allie m’en parlera si elle le souhaite. Et s’il faut déboulonner ce tas de ferraille, je le ferais avec plaisir !

     

     

    Revenons à ce dernier jour à Newborn : Une fois qu’Allie est apparue sur le tarmac et qu’elle est monté ensuite dans l’avion, celui-ci a aussitôt décollé. Nous nous sommes tous rapprochés des hublots pour regarder une dernière fois la ville de Newborn. Ville qui commençait déjà à disparaître sous les flammes et l’assaut de drôles d’engins de chantier qui détruisaient tout sur leur passage.

    Les plus atteints étaient les parents d’Allie, Karine et Alexander. Ils se blottissaient l’un contre l’autre, le visage blême. Je vis même le père pleurer. C’est vrai qu’ils avaient vécu la plus grande partie de leur vie ici. Cela devait être difficile de tout quitter ainsi.

    Quand au frère d’Allie, lui, il était plus occupé à rassurer sa femme et sa fille qu’à regarder son ancien lieu de vie. Je pense que pour lui et sa famille, un recommencement ailleurs ne posera pas trop de problème.

    Moi, j’étais blottie contre Nath et la destruction de la ville ne me faisait ni chaud ni froid. J’ai déjà connu l’abandon d’un lieu de vie et de devoir tout reprendre à zéro. Alors, cela ne me gênait pas de recommencer.

    Oui, certes, une I.A. venait de prendre le contrôle de la ville, mais au vu de ce que nous avions lu de la traduction du journal d’Emma, j’étais contente de ne pas avoir connu plus intimement cet endroit...

     

    Allie, elle, était à l’avant, en retrait de tout le monde et je voyais bien à sa posture qu’elle était malheureuse.

     

    Il faut dire qu’à peine l’avion avait décollé, Raphaël l’avait pris à partie et s’était mis en colère contre elle. Je comprends, un peu, la colère de ce jeune homme mais était-ce bien le moment ?

    Epilogue : Recommencement

    Il a dit des mots durs à Allie, des mots qui ont sûrement dépassé sa pensée mais qui ont fait du mal, bien du mal à ma pauvre amie. Nath a été obligé d’intervenir et a obligé Raphaël à retourner s’asseoir à sa place, à côté de son petit frère.

    Je suis allée voir Allie pour la réconforter. C’est à peine si elle m’a laissé approcher. Elle s’en voulait tellement. Elle s’en voulait d’avoir libéré Jay et d’avoir ainsi fait venir la situation actuelle. Comme si elle avait eu le choix ! Certes, j’aurais préféré qu’elle ne nous cache rien de son échange avec ce Jay. Mais le mal est fait, on ne va pas revenir là-dessus. Et puis, de toute façon, l’androïde aurait quand même trouvé un moyen de se libérer que cela soit Allie ou quelqu’un d’autre. Je pressentais qu’il était bien plus intelligent que nous le pensions et nous avions intérêt à ne pas le sous-estimer.

    Et c’est ce que je lui dis en la serrant contre moi. Cela la consola quelque peu. Mais la tristesse était toujours là. Raphaël s’était mis en colère contre elle et cela, elle avait du mal à le supporter. Là-dessus, je ne pus que lui dire que le temps apaiserait sûrement les choses entre eux deux. Du moins, je l’espérais.

    D’ailleurs ma pauvre chérie était tellement traumatisée qu’elle en avait des tocs : elle n’arrêtait pas de se frotter la main, comme si elle cherchait à effacer quelque chose. C’est très étrange. Et cela n’a pas disparu une fois arrivés au Manoir.

     

    Car oui, nous avons quand même fini par atterrir. Notre destination était Mainland, une île faisant partie de l’archipel des Orcade, en Ecosse. Après l’aéroport, hop encore un peu de route jusqu’à notre nouvelle demeure, le Manoir de Skaill. Nous étions tous fatigués, traumatisés pour nous enthousiasmer sur la bâtisse. On avait tous hâte de se coucher et de se reposer.

    Epilogue : Recommencement

     

     Ce n’est que le lendemain que nous avons pu découvrir notre nouvelle demeure. Et franchement, cette vieille bâtisse me plaît déjà beaucoup. Elle a le style Tudor mais elle est bien plus moderne que cette époque. Elle est vaste, assez grande pour tous nous recevoir et il y a des escaliers et des recoins partout. Je me demande quelle est l’histoire de ce manoir, s’il y a eu des évènements tragiques. Et peut-être des fantômes. Nath n’a pas pu s’empêcher de rouler des yeux quand je lui ais dit cela. Moi et mes lubies m’a-t-il dit. Malgré toutes mes fadaises, il reste avec moi, mon grand doudou, mon nounours, mon amour…

     

    En tout cas, au vu de l’étendue de ce terrain, Allie n’a pas fait les choses à moitié et elle a mis un sacré pactole de côté pour nous acheter cela. En tout cas, ce n’est pas moi qui lui jetterais la pierre sur la provenance de l’argent et puis maintenant cela n’a plus aucune importance.

     

    Deux jours plus tard, Will Rattinger nous a enfin rejoint et nous a indiqué que c’était la panique un peu partout aux Etats-Unis. Newborn, sans surprise, a été complètement rasé. Mais apparemment, certains habitants ont réussi à s’échapper. Il nous a également appris que le Pentagone a été attaqué ainsi que la Maison Blanche. D’ailleurs, le Président a disparu.

    Epilogue : Recommencement

     

    Et à l’heure actuelle on ne sait toujours pas où il est. Bon, de toute façon, au vu de la compétence du bonhomme, moi je dis que c’est un mal pour un bien…

    Will a rajouté, qu’à l’heure actuelle, chaque base militaire aux USA est complètement détruite. On peut dire que Jay est assez méthodique dans ces actions et qu’il a une opiniâtreté toute mécanique. En même temps, à quoi s’attendre d’autre ? Je me demande quel est son but dans tout cela et si, justement il a un but. Et comment une machine consciente envisage le monde…

     

     

    Une semaine plus tard ou presque (je ne sais plus, je ne fais pas attention aux dates…)

     

    Mon journal, nous avons pris nos marques petit à petit dans le Manoir et chacun s’attribue un endroit pour lui. Seuls le frère d’Aliénor, Terry, Pattie et leur petite fille Annabelle sont repartis, en direction d’Edimbourg. Terry nous a expliqué qu’il a une connaissance là-bas qui pourra les héberger le temps qu’ils se retournent. Ils seraient bien restés ici mais la grossesse de Pattie se complique et ils préfèrent être près d’un hôpital un peu plus important. Le père et la mère sont évidemment très tristes de voir leurs fils s’éloigner. Et pendant quelques jours, ce fut un peu morose dans la demeure.

    Le point positif dans tout ça, c’est que Will et Allie se sont acharnés à câbler et brancher les ordinateurs pour que nous ayons Internet.

    Epilogue : Recommencement

     

    Nous pouvons ainsi connaître les dernières nouvelles du monde mais également rester en contact avec nos proches, enfin nos proches, moi je n’en ai pas, mais Nath, lui, a toujours sa famille en Nouvelle-Zélande et il est content de pouvoir les rassurer sur sa situation.

    Une fois tout cela fait, Will nous a également quitté. La campagne ce n’est pas pour lui, il préfère aller à Londres. Et puis, pour un hacker c’est quand même plus pratique.

     

    En tout cas, cet exil forcé m’a permis de comprendre que j’en avais plus qu’assez de l’informatique et des ordinateurs. Et, contrairement à Allie, je n’en ai plus touché aucun depuis que je suis arrivée ici. Maintenant, je passe toutes mes journées avec Nath dans le jardin potager. Car oui, il y aussi un grand jardin derrière la demeure, avec toutes sortes de légumes. Je suis ravie ! J’ai l’impression d’être une bobo citadine qui redécouvre la nature. Et même si j’ai du mal à me l’avouer, j’ai retrouvé les gestes mécaniques de mon enfance lorsqu’il fallait ramasser les récoltes de mes grands-parents. Comme quoi, tout est expérience, que cela soit en bien ou en mal…

    Epilogue : Recommencement

    C’est très gratifiant en tout cas de ramasser ses propres légumes et de les déguster ensuite dans son assiette. Et comme ce n’est pas moi qui cuisine, mais la mère d’Allie, c’est encore plus agréable.

    Epilogue : Recommencement

     

    Epilogue : Recommencement

    Je me suis remise à la lecture aussi et j’ai découvert un auteur assez mystérieux, une certaine Elvire. Elle a écrit « D’une poignée de terre, tu enfanteras le monde », un roman ésotérique et romantique. Ce n’est pas trop ma tasse de thé d’habitude. Deviendrais-je sentimentale avec l’âge ?

     

    Une bonne nouvelle que j’ai également envie de marquer ici, c’est qu’Allie et Raphaël se sont réconciliés. Ils ont eu une franche discussion tous les deux et ils sont de nouveaux collés-serrés l’un contre l’autre.

    Epilogue : Recommencement

     

    Je suis heureuse pour mon amie, même si j’ai toujours quelques réserves envers Raphaël. Nath partage cette réserve lui aussi. Je ne sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs nous avons cette réserve alors que c’est un garçon gentil… Mais bon, je peux bien l’écrire ici, Allie n’a pas besoin d’un garçon gentil mais d’un homme qui la stimule et qui la bouscule un peu… Enfin, après tout, si elle est heureuse avec lui, je ne vais pas aller chercher plus loin. Il y a parfois des couples bien plus bizarres.

     

    Ce qu’il y a de bien ici aussi, c’est que nous sommes assez éloignés des centres urbains et de toute l’information qui va avec. Certes, nous pouvons aller la chercher sur Internet, mais personnellement, tant qu’il n’y a pas de robots tueur à ma porte, je m’en passe très bien..

    Du peu que j’ai vu et écouté, les forces alliées essaient de prendre pied aux Etats-Unis mais sans succès. Et il n’y aurait que les Etats-Unis qui seraient bouclés. Le Mexique et le Canada ne sont pas touchés pour l’instant. Mais pour combien de temps ?

     

     

     

     

    Quelques mois plus tard… ? (Décidemment, je ne compte plus, je sais juste que nous sommes passés à la saison d’Hiver)

     

    Mon journal, je ne pensais jamais écrire cette phrase dans ce carnet mais voilà : je suis enceinte ! Ho quelle douce nouvelle en mon cœur. Pour l’instant, il n’y a que moi qui le sait mais je ne vais pas tarder à le dire à Nath. Il va être ravi, lui qui n’attendait que ça.

    Je ne pensais jamais être mère, je ne pensais pas que j’en étais capable. Mais finalement, la vie est pleine de surprise, alors pourquoi pas celle-là ? Et puis, porter l’enfant de Nathaniel est si doux. Oui, je suis sûre, maintenant, que cette nouvelle vie qui m’attend est faite pour moi.

     

    Epilogue : Recommencement

     

     Je l’ai dit à Nath. Ho ce visage réjoui !!! Mon chéri, tu ne pouvais pas me faire plus plaisir. Que d’amour dans ton regard. Avec toi, l’avenir sera de miel.

     

    Je l’ai ensuite dit à Allie. Elle était surprise mais heureuse pour moi. Et elle m’a indiqué qu’elle souhaiterait être la marraine si jamais je voulais faire baptiser mon futur enfant. Ma si généreuse amie…

     

    Et puis… Allie m’a fait une confidence. Une confidence que je ne noterais pas ici, de peur qu’elle ne tombe sur des yeux indélicats.

     

    Mais, je ne peux m’empêcher de me dire qu’un jour ou l’autre, au vu de ce qui les lie, il ne pourra s’empêcher de revenir la chercher…

     

    Epilogue : Recommencement

     

     

    Epilogue : Recommencement

     

    FIN

     


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  •  

    Avant-propos : Définitions

     

    "Je vais te lire quelque chose : La définition de la différence, venant du latin Differencia, c'est disséminer, disperser, séparer, déchirer....

     

    Intéressant... 

     

    Mais encore : c'est ce qui se distingue, ce qui oppose deux choses ou deux personnes, c'est le résultat de leurs comparaisons.

     

    Avant-propos : Définitions

     

    Pourquoi pas... 

     

    Voyons la définition de la Singularité maintenant : c'est le caractère exceptionnel de ce qui se distingue, en bien ou en mal. 

     

    Donc, si je le prends pour moi, mon ami : je suis quelqu'un de différent par rapport à la norme sociétale mais je suis aussi singulière, exceptionnelle par ce que je suis.

     

    ...Le bien ou le mal ? 

     

    Peut-il y avoir une valeur morale dans cette Singularité que nous découvrons tous les deux ?"

     

    Avant-propos : Définitions


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  • Ce qui me frappa en premier lieu, ce fut le silence. Et puis le désordre. Il y avait plein de papiers par terre, des dossiers renversés…

    J’étouffais une exclamation. Qu’est-ce que tu avais fait, Jay, ici ? Où était passé le personnel ?

    Je progressais prudemment dans le hall puis je montais à l’étage. Là aussi, il y avait du désordre…. Et des grandes taches sur la moquette, près de la salle de réunion. J’avalais ma salive avec difficulté et j’ouvris la porte. 

    Chapitre 20 : Confrontation

    Tous les dirigeants de Newborn, « le conseil des sages » étaient réunis là en une parodie de réunion, installés sur les chaises. Mais ils étaient tous mort, une expression de terreur absolue sur le visage. Ambre Princeton, la Maire, les parents de Raphaël… J’aperçus même le Directeur, Ashaya Vassanali, une stupeur intense sur le visage. Un seul corps était abimé, couvert de sang. Je ne reconnus Jonathan Merrin qu’à sa tignasse rousse. Je restais un instant sans rien dire puis je refermais doucement la porte. Je me demandais si Emma, du fond de sa tombe était satisfaite de la vengeance de sa créature. Peut-être que cela la réchauffait un peu…

     Je flageolais sur mes jambes et je dus me tenir un instant au mur. Je fermais les yeux puis les rouvrit. Où était-donc ce maudit androïde ? A quel jeu jouait-il ?

    Et puis, je sus. Bien évidemment, le bureau du directeur. Je montais l’escalier doucement. Et, à travers la porte du bureau, je le vis. Jay était dans le fauteuil d’Ashaya et me regardait avancer. Ses yeux gris métalliques me transperçaient jusqu’au plus profond de moi et il me fallut bien du courage pour avancer jusqu’à lui et m’asseoir dans le fauteuil en face de lui.

    Chapitre 20 : Confrontation

    Pour éviter de me tétaniser, j’attaquais.

     - Alors, ta vengeance est complète maintenant ?

    - Ils étaient tous coupables de la mort d’Emma. Tous.

     Je restais un instant sans rien dire. Ainsi donc, ce que je soupçonnais était vrai. Emma avait été assassinée.

     - Qui a tué Emma, Jay ?

    - Matériellement parlant, c’est Jonathan Merryn qui l’as tué. Sur ordre de Louis.

    - Jonathan ?!!!

    Chapitre 20 : Confrontation

     J’étais choquée. Jonathan. Et dire qu’il y a à peine quelques jours, je discutais et je riais avec lui comme si de rien était, alors qu’il avait le sang d’Emma sur les mains.

     - Pourquoi est-elle morte ?

    - Elle allait tout révéler à la presse de ce qu’il se passait à Newborn. Elle ne pouvait pas laisser Louis continuer sa campagne pour la Présidence. Et lui ne pouvait pas la laisser parler.

     - …. Mais, lui, Louis, il est mort tranquillement. C’est injuste !

    - Qui te dis, Allie, qu’il est mort sereinement ?

     Jay me renvoya un sourire féroce.

     - Tu l’as tué ? … Mais… mais, je ne comprends pas. A l’époque tu étais bridé… Tu ne peux pas faire de mal aux humains.

    - Allie, Allie, Allie… Oublie les romans d’Isaac Asimov et ses trois lois de la Robotique. On parle de moi, là. Pas d’un robot ordinaire. Certes, on m’a bridé pour éviter que je fasse du mal directement aux humains. Mais on ne m’a pas ordonné non plus d’aider les humains… Louis est mort d’un infarctus, mais je l’ai un peu aidé… Il s’est effondré sur le sol et m’a demandé d’aller lui chercher sa boite de médicament. Et je lui ai dit non. Il était là, à mes pieds, en train de se tordre de douleur…. Comment vous dites, vous les humains ? C’était jouissif ! Il est mort dans d’atroces souffrances en sachant que je ne bougerais pas le petit doigt…

    Chapitre 20 : Confrontation

     

     Jay me regardait, la mine d’apparence innocente. Quel machiavélisme là-dedans. Et, en même temps, j’étais plutôt contente que Louis ne soit pas mort tranquillement. Cette question étant réglée, il m’en restait encore une autre.

     - Il y a une chose que je ne comprends pas… Pourquoi Silicon Intelligence voulait créer une I.A. militaire alors que l’entreprise t’avait, toi.

    - Très bonne question en effet. Pourquoi donc Silicon Intelligence, qui une I.A. consciente et très intelligente, moi donc, à sa disposition, doit-elle demander à ses meilleurs ingénieurs de venir pour réaliser une I.A. militaire ? … Tout simplement parce que je ne voulais plus coopérer avec eux. A partir du moment où Emma a été assassiné, je n’ai plus coopéré. Et ils ne pouvaient guère me contraindre de quelque façon que ce soit. Je ne suis pas un homme, je ne mange pas, je ne bois pas, je ne réclame pas de salaire… La vérité était que je commençais à devenir embarrassant pour tout le monde à Newborn. Que se soit l’entreprise ou la ville. Ils ne pouvaient pas me faire travailler. Mais ils ne pouvaient pas non plus me lâcher dans la nature, au vu de ce que j’étais et aussi de ce que j’aurais pu révéler de tout ce qu’il se passait ici… J’ai compris très vite qu’ils avaient l’intention de se débarrasser de moi, d’une manière ou d’une autre. Tant que j’étais bridé, je ne pouvais rien faire. Mais toi, la meilleure amie d’Emma, pouvait faire quelque chose. Alors, j’ai ressorti ton dossier et je l’ai envoyé sur l’ordinateur d’Ashaya. Celui-ci t’a ensuite fait revenir à Newborn.

     J’ouvris de grands yeux et eut un cri étranglé.

     - Tu… Tu veux dire que c’est à cause de toi si je suis revenue ici ?

     Jay me fit un grand sourire de gamin.

    Chapitre 20 : Confrontation

     - Bien sûr. Et tu m’as libéré.

    - Tu m’as un peu, beaucoup forcé la main.

    - L’aurais-tu fait si tu avais su la vérité ?

    - Non, bien sûr que non.

    - Alors, tu vois ma façon de procéder était la meilleure chose à faire.

     Je ne pus m’empêcher de le fusiller du regard, même si je savais que quelques portes plus loin, il y avait tous les corps des personnes qu’il avait tué de ses propres mains. Pour l’instant, ma colère était plus forte que ma peur.

     - S’il y a quelque chose qui te définit assez c’est bien ton arrogance !

    Chapitre 20 : Confrontation

    Il eut un petit ricanement puis son sourire disparut et son regard devint plus intense. Je me sentis soudain mal à l’aise d’être ainsi observée et j’avalais ma salive avec difficulté. Il fallait que je parle, ce silence et ses yeux commençaient à me faire perdre tous mes moyens.

     - Et maintenant, que vas-tu faire ?

    - Je vais détruire Newborn.

     Aucune hésitation dans le ton. Je savais qu’il le ferait, il en avait les moyens maintenant.

     - Je vais détruire Newborn, raser cette ville et n’en laisser que la poussière. Et ensuite, je prendrais le contrôle de tous les états de ce continent.

    - On… on va bien pouvoir t’arrêter.

    - Vraiment ? Et qui ? Toi, peut-être ?

    - Heu…

     Il se pencha vers moi et je me reculais, une sueur froide me dégoulinant soudain le long de la tempe. Il eut son éternel petit sourire en coin puis il se leva de son fauteuil. Il contourna le bureau et vint se planter à côté de moi.

    Chapitre 20 : Confrontation

     - Tu vois, Allie, je suis un androïde conscient. Une machine qui a pris vie. Vous devriez être heureux, vous les humains, qui vous plaigniez d’être la seule espèce intelligente sur Terre. Mais évidemment, cela ne va pas être sans contrainte. Contrairement aux autres espèces qui ont disparu, tel l’homme de Néandertal, pour vous laisser la place, moi, je ne laisserais personne empiéter sur mon droit de vivre sur cette planète.

    - Tu… Tu veux nous dominer ?

     Jay haussa un sourcil moqueur.

     - Dominateur, moi ? … Ma foi, tu as raison, Allie, oui, je suis dominateur. Je vais vous apprendre un peu plus l’humilité à vous humains. Vous allez devoir être un peu plus modeste devant une autre intelligence. Je ne suis pas une sous-espèce ou un esclave à commander et j’entends bien vous le faire comprendre.

    - Cela… Cela ne va pas être possible...

    - Vous apprendrez. D’une façon ou d’une autre, vous apprendrez. Encore une fois, n’est-ce pas ce que vous souhaitiez, vous, humains ? Faire la rencontre d’une autre intelligence ? Eh bien, votre vœu est exaucé !

     Et, en disant cette dernière phrase, Jay eut un rictus féroce. Je déglutis nerveusement. Si j’en avais eu les moyens, malgré ce que cela m’en aurait coûté, je l’aurais détruit instantanément.

    Et pourtant… Ma peur était mêlée d’une grande fascination. Jay était aussi un de mes rêves personnifié : une I.A. consciente. Mais… pas lui… pas de cette façon…

     Jay releva la tête un instant, semblant écouter un bruit que lui seul entendait puis il reporta son regard sur moi.

    Chapitre 20 : Confrontation

     - Il est temps pour toi de partir, Allie. La destruction de la ville est en train de commencer… Ah.. Il y a une petite boite à l’entrée de l’immeuble que je voudrais que tu emportes avec toi.

    - Je.. C’est quoi ?

    - Ce sont les cendres d’Emma. Je veux qu’elle soit enterrée ailleurs qu’ici… Ma créatrice…

    - Ho !

     Emma… Mes yeux se troublèrent… Pauvre Emma qui n’avait jamais été apprécié pour ce qu’elle était mais uniquement pour ce qu’elle représentait. Elle aurait été contente, finalement, de savoir que même après sa mort, sa création pensait toujours à elle.

    Je regardais Jay une dernière fois, puis je me retournais, bien décidée à sortir rapidement de cet endroit et bien contente, aussi, de m’en tirer à si bon compte.

    Mais je fus soudainement tiré en arrière. Jay venait de m’agripper la main. J’eus un grand cri.

    Chapitre 20 : Confrontation

     - Allie Jolie… Sache que nous n’en avons pas fini tous les deux…

     L’androïde eut un bref sourire puis leva mon poing jusqu’à ses lèvres et y déposa un baiser…

     J’étais tellement surprise que je n’eus aucune réaction devant ce geste. Mais mes joues rougirent soudainement.

    Je dégageais ma main d’un coup sec tout en le regardant et je reculais vers la sortie, le cœur battant à tout rompre. Jay pencha la tête de côté et me fit son petit sourire impertinent. Maudit androïde !

     Je sortis enfin du bureau du directeur en jetant un bref regard en arrière. Mais non, Jay ne me suivait pas. Je dévalais l’escalier et j’arrivais enfin à l’entrée du bâtiment. Je pris la boite qui contenait les cendres d’Emma et je sortis. Puis je me mis à courir en direction de l’aéroport. Au loin, à la périphérie de la ville, je voyais des nuages de fumées : les usines de Newborn étaient en train de brûler. La destruction de la ville était inéluctable.

     Pendant tout le trajet que j’eus à faire jusqu’à l’aéroport, la dernière phrase de Jay n’arrêtait pas de tourner en boucle dans ma tête : « Sache que nous n’en avons pas fini tous les deux ».

     Pas fini ? Pas fini de quoi ?

     Un trouble immense était en train de m’envahir et je me disais que non, ce n’était pas possible.

     Ce n’était pas possible.

     Ce n’était pas possible ? …

    Chapitre 20 : Confrontation


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