Une semaine de repos complet fut nécessaire à Shimizu avant qu’elle puisse être à peu près en forme pour profiter de la beauté des îles de Sulani. Pendant cette semaine, elle ne fit que dormir, manger et somnoler au soleil. Elle n’était point capable d’autre chose en vérité.

Moé Thompson, « son ange gardien », l’avait bien compris et ne la dérangeait guère. Elle le voyait à peine dans la journée car elle se levait tard et il partait ensuite en fin d’après-midi rejoindre le club de plongée où il travaillait.

Au début, Shimizu était très mal à l’aise de « s’imposer » ainsi toute seule dans la maison des Thompson. Et elle en voulait un peu aussi à Akari de l’avoir laissé en plan alors qu’elle était une parfaite inconnue pour la famille. Mais Moé l’avait rassuré et lui avait indiqué qu’elle ne dérangeait nullement, ils avaient l’habitude de recevoir des invités à la maison et puis, cela tombait bien car ses parents ainsi que sa sœur étaient partis en croisière sur le voilier familial pour quelques mois. La jeune femme ne n’était donc pas importune et elle pouvait profiter en toute tranquillité de leur demeure.

Et puis, il y eut enfin un matin où Shimizu se sentit un peu mieux et elle se réveilla plus tôt que d’habitude. Elle s’habilla et descendit au rez-de-chaussée. Elle s’arrêta net en découvrant Moé en pleine séance de yoga.  Le jeune homme ne portait qu’un short et la jeune femme eut tout loisir pour contempler le torse avantageux du jeune homme. Elle en fut troublée. C’était la première fois qu’elle voyait un homme aussi dévêtu et elle se rendait compte que cela lui plaisait.

Moé releva la tête et l’aperçu. Il lui adressa un franc sourire.

- Bonjour ! Vous vous êtes levée plus tôt que d’habitude, aujourd’hui. Vous vous sentez mieux ?

- Un peu mieux oui.

- Bien, c’est une bonne nouvelle. Je vais vous préparer le petit déjeuner. Venez.

Moé la précéda dans la cuisine. Elle s’assit à la table et le regarda s’affairer à lui préparer des œufs brouillés avec du bacon, petit déjeuner qu’elle adorait manger depuis qu’elle était arrivée ici. Il la servit et lui ensuite puis ils mangèrent dans un silence confortable. Moé reporta son regard sur la jeune femme.

- Puisque vous êtes un peu plus en forme, est-ce que cela vous dirait de faire un petit tour en voilier ? Vous verrez ainsi un peu mieux la beauté de Sulani.

- Heu… Je ne veux pas vous déranger non plus si vous avez autre chose à faire. Je saurais m’occuper.

- Vous ne me dérangez pas du tout, Shimizu. Je suis de repos aujourd’hui. Et puis je trouve que cela serait dommage que vous passiez toute votre convalescence enfermée ici alors qu’il y a plein d’endroits à voir. Je vous promets de ne pas vous fatiguer. Dès que vous en avez assez, vous me le direz et nous rentrerons, d’accord ?

- … Oui. Je veux bien visiter l’île avec vous.

Shimizu esquissa un sourire envers Moé puis reporta son regard sur son assiette vide. Depuis qu’elle était malade, on n’avait jamais pris autant soin d’elle. Et, elle appréciait cette sollicitude à son égard. C’était nouveau mais cela la réconfortait et elle se sentait enfin importante pour quelqu’un.

Elle ne regretta pas d’avoir dit oui pour la promenade avec Moé. Ce fut une matinée qui passa agréablement à voguer tranquillement le long du rivage tout en écoutant la voix du jeune homme lui raconter les légendes de l’île. Moé aimait Sulani et ne s’en cachait pas.

Cette matinée fut la première qu’ils passaient ainsi ensemble. Chaque matin, quand Shimizu se sentait assez en forme, Moé l’emmenait visiter d’autres endroits de Sulani. Parfois, c’était juste passer un moment sur la plage à regarder les sauts des dauphins au loin. Et d’autre fois, il l’emmenait à quelques fêtes improvisées par les insulaires. Shimizu, d’ordinaire solitaire, ne s’en formalisait pourtant pas. Elle se sentait bien, entourée de tous ces gens bienveillants envers elle. Mais surtout choyée par Moé.

Et c’est tout naturellement qu’un tendre sentiment s’installa en elle…