Les flirts, les premiers rendez-vous et les premiers baisers, Shimizu n’avait jamais connu. Elle n’était même jamais tombée amoureuse d’un garçon. Il faut dire aussi qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer un garçon. A part le jeune homme qui lui avait été présenté par l’entremetteuse. Mais pouvait-on parler d’amour ? Non, vraiment pas.

Et c’était donc une Shimizu tout empêtrée dans ses sentiments qui se tenait à côté de Moé ce matin-là. Le jeune homme avait décidé de l’initier à la plongée sous-marine et elle était quelque peu hésitante.

- Heu… Tu es sûr, Moé ?

- Mais oui, tu verras, c’est très plaisant. Tu pourras observer de plus près les coraux et les poissons. Et puis, ne t’inquiète pas, je serais à tes côtés pour te guider. Tout va bien se passer.

Il lui adressa un grand sourire et lui serra gentiment l’épaule. Elle eut comme une décharge électrique et se mordit les lèvres pour ne pas gémir. Cela aurait été ridicule. Pour autant, elle ne pouvait s’empêcher de le dévorer du regard. Il était si beau et si gentil avec elle. Elle appréciait ces moments passés avec lui.

Ils passèrent donc une partie de la matinée à plonger. Et Shimizu se révéla bien plus douée qu’elle ne le pensait. Passée la gaucherie initiale et le trouble que lui causait la proximité de Moé, elle s’enhardit et à coup de palmes vint s’approcher des coraux et anémones de mer.

Ce fut un temps en dehors de toute contrainte, suspendu et contemplatif. Mais le retour sur la plage fut un peu plus difficile pour Shimizu. Elle avait trop présumé de ses forces et se trouvait maintenant très fatiguée. Après le repas, elle fit une longue sieste réparatrice.

En se réveillant en fin d’après-midi, elle s’aperçut avec surprise que Moé était toujours là alors que d’habitude il était toujours parti à son club de plongée. Il sourit face à son regard étonné.

- J’avais quelques jours de repos à prendre et j’ai décidé que cela serait bien d’en profiter pendant que tu es là, cela nous permettra de passer un peu plus de temps ensemble et puis pour toi, d’être moins seule aussi.

Shimizu rougit sous cette délicate attention et Moé s’en avisa.  Il eut  un regard un peu pensif vers elle puis il lui indiqua qu’il allait préparer le dîner et qu’elle pouvait donc se détendre sur la terrasse. Shimizu s’assit sur la chaise longue, toujours un peu gênée d’être ainsi désœuvrée. Mais elle reconnaissait qu’elle avait encore besoin de temps de repos. Il ne servait à rien d’essayer de forcer les choses si c’était pour se retrouver dans le même état qu’au début. Alors, elle se cala confortablement contre le dossier et contempla le coucher de soleil. C’étaient des paysages qu’elles n’auraient pas l’occasion de revoir avant longtemps une fois rentrée à Mont Komorebi.

Le dîner fut inhabituellement silencieux, alors que Moé avait jusqu’à présent la parole facile. Shimizu s’inquiéta presque de ce mutisme. Avait-elle dit ou fait quelque chose de mal ? Et puis, Moé, à la fin du repas, lui fit une proposition surprenante.

- Shimizu, que dirais-tu de profiter de notre jacuzzi ?

- Heu… Je ne sais pas. Vraiment ?

- Mais oui. Allez viens, cela va te détendre. Je te sens un peu crispée.

Shimizu voulut lui dire que c’était lui qui la troublait mais elle se retint, encore une fois. A la place, elle suivit docilement Moé sur le côté de la maison, là où se trouvait le jacuzzi. Délicatement, il lui prit la maint et l’aida à monter dans le bassin. Elle eut un bref soupir de contentement en sentant les jets d’eau masser son corps. Elle s’assit et Moé s’installa à côté d’elle.

- Alors, c’est agréable, non ?

- ho oui, très…

- Est-ce que tout va bien sinon Shimizu ? Tout te convient ici ?

- Ho ! … Oui, bien sûr. Je serais difficile de ne pas être contente. Tu as été aux petits soins pour moi alors que tu ne me connaissais pas. C’est… Je suis vraiment touchée, Moé. Je ne sais comment te remercier.

- Il faut remercier Madame Matsuba pour cela. C’est elle qui a eu l’excellente idée de t’amener ici pour te reposer. Et cela te réussit bien. Tu étais si triste quand tu es arrivée, Shimizu. Et maintenant tu souris. Cela te va bien le sourire. Tu devrais le faire plus souvent.

Shimizu rougit complètement sous le compliment et baissa les yeux. Moé en profita pour se rapprocher d’elle.

- Shimizu…

Elle releva la tête et il lui prit son menton entre ses doigts. Il la regarda un instant dans les yeux puis l’embrassa.

Après l’instant de surprise, Shimizu se laissa aller et savoura ce premier baiser qu’on lui offrait. Moé se détacha doucement d’elle et lui caressa la joue.

- Shimizu… Je… Cela fait un moment que tu me plais. Depuis ton arrivée ici je crois bien… J’espère que tu n’es pas effarouchée par mon initiative…

La jeune femme secoua la tête, trop émue pour parler. Il lui sourit tendrement puis l’enlaça de nouveau en la serrant plus étroitement contre lui. Et puis il se dégagea d’elle, une lueur coquine dans le regard.

- Et si nous rentrions à l’intérieur ?

- … Je… heu.. Je n’ai jamais…

Moé comprit tout de suite le désarroi de la jeune femme et la rassura.

- Shimizu, nous ne ferons que ce que tu as envie de faire. Je ne veux te forcer en rien…

Elle battit des paupières, quelque peu troublée mais le suivit quand même dans le salon, puis dans sa chambre où il la couvrit de baisers et de caresses. Son corps, avide de sensations et d’affection, se détendit et accueillit avec ardeur l’étreinte du jeune homme. Et, finalement, il fut facile pour Shimizu de se laisser aimer par Moé…