•  Note : cette petite nouvelle sert de lien entre Singularité et L'Autre.  

     

     

    Rêves de machine

    Libéré de ses chaines, ivre de colère, Jay détruisit toute la ville de Newborn, ne laissant plus qu’un champ de ruine, une terre brûlée et stérile. Parce qu’il en avait le pouvoir, l’envie et parce qu’il souhaitait se venger de toute ces années où il n’avait été qu’une marionnette entre leurs mains. S’il avait pu, il aurait effacé jusqu’au moindre atome de leur existence. Mais le temps pressait. Les coups de boutoir qu’il avait lancés en détruisant le Pentagone et la Maison Blanche ne suffisaient pas. Il devait aller plus loin encore pour déséquilibrer la société américaine.

     Et, c’est ce qu’il s’empressa de réaliser. Les Américains ayant toujours eu peur d’une armée de machine, il créa, avec un certain humour acide, une horde de robots humanoïdes et les lâcha dans la nature.

    Rêves de machine

     Et, une fois que cela fut fait, il remonta dans le nord des Etats, laissant son armée cybernétique en roue libre mais avec des programmes bien précis. Jay eut un dernier sourire sur cette cohorte de machines en action.

     Tout cela l’avait bien amusé mais ne l'avait pas entièrement satisfait. Du moins, pas sur le long terme. Il avait besoin de défi et de se mettre un peu en danger, voir jusqu'où il pouvait aller. C’est pour ça qu’il allait traverser la frontière entre le Canada et les Etats-Unis, à pied, avec l’apparence d’un simple mortel. A Silicon Intelligence, il avait été utilisé comme un  employé de bureau et il avait réussi à paraître humain autant que possible. Mais c’était en vase clos car Louis et Emma étaient là pour le rattraper, au besoin. Mais maintenant, il n’y avait plus personne pour le brider ou le maîtriser. Allait-il être assez crédible ? C’était là tout l’enjeu.

    Il changea un peu son allure et gomma son apparence qui était un peu trop parfaite, un peu trop lisse, en modifiant sa peau, en ajoutant des poils et des imperfections et des longs cheveux blonds sur son crâne. Il avait maintenant la physionomie d’un jeune homme dans la vingtaine, à l’allure cool et tranquille. Et c’est avec cette apparence qu’il passa la frontière, sans problème majeur.

    Rêves de machine

     

    Rêves de machine

    Une première étape était franchie. Il se dirigea ensuite vers la ville de Vancouver, n’ayant aucune idée pour le moment, mais il trouverait bien quoi faire une fois rendu. Emma aurait été fier de lui si elle avait pu le voir maintenant. Et repenser à sa créatrice lui apporta une souffrance intérieure. Il ressentait toujours le goût de la défaite de n’avoir pu la sauver de la mort et d’avoir été ainsi bridé. Et de cela, jamais plus on le contraindrait, il y veillerait.

    Sa créatrice. Emma. Il gardait toujours en lui les enregistrements de ses conversations qu’il avait eues avec elle. Un souvenir sur ses débuts, lorsqu’il était jeune encore et où tout était neuf pour lui. Emma avait été son guide et sa boussole et il garderait toujours un sentiment d’inachevé de leur relation. Elle l’avait créé pour qu’il soit son confident et son ami et il n’avait jamais pu l’être à part entière.

    Rêves de machine

     Pour autant, maintenant qu’il n’avait plus aucune bride, ni aucune contrainte, il appréciait ce temps et cet espace qui n’appartenait qu’à lui et où il pouvait réaliser ce qu’il voulait, sans aucun ordre à recevoir, ni demande d’explication.

    Comme se faire engager dans une entreprise sous-traitante de matériels androïdes. Il apprécia fortement l’ironie de sa démarche.

    Rêves de machine

     Il n’y eut aucune question, aucune interrogation sur son allure, sa façon de faire, son travail. Il s’était complètement fondu dans le décor. Tel qu’il le voulait, il était un humain normal aux yeux des autres employés. Il eut même une petite satisfaction intérieure lorsqu’il fut dragué quelques jours plus tard par une de ses collègues de travail.

    Rêves de machine

    Allait-il repousser les avances de cette humaine ou au contraire, accepter cette proposition ? Sachant qu’il y avait de fortes chances que cela entraîne des relations très intimes. Mais il était là pour expérimenter. Après quelques nanosecondes d’hésitation, il opta pour le second choix et entreprit des ajustements dans ses systèmes informatiques profonds. Ainsi fut donc fait et Jay Sarren se laissa séduire par sa jeune collègue, Erika Norris. Elle était rousse. C’est peut-être un détail qui avait penché dans la balance.

    Rêves de machine

     

    Rêves de machine

    Ce qui suivit fut la parade amoureuse ô combien classique des humains : approche, intérêt, flirt et enfin accouplement. Jay ne se sortit pas trop mal de cette dernière partie même si Erika a la fin de l’étreinte eut une moue un peu déçue. Jay haussa un sourcil, perplexe.

    Rêves de machine

     - Il y a quelque chose qui ne va pas, Erika ? Ce n’est pas ce que tu voulais ?

    - Eh bien oui… Mais tu vois, j’aurais pensé que tu te serais montré un peu plus attentif à mon désir. Faire l’amour n’est pas qu’un…pilonnage… Cela ne s’arrête pas à ton sexe dans le mien. C’est un peu plus subtil tu sais… Je dois être ta première femme, non ?

    Est-ce que Jay fut vexé par la réponse et la remarque d’Erika ? Bien sûr que oui. Il était une intelligence artificielle quelque peu égocentrique et imbu de sa personne. Mais cette vexation ne dura que quelques secondes. S’il était là c’était aussi pour s’améliorer. Il eut alors un léger sourire et se pencha vers la jeune femme.

    - Eh bien, dans ce cas-là, recommençons. Montre-moi ce que je dois faire pour te donner du plaisir. Et je suis sûr que cette deuxième fois te sera plus agréable.

    Rêves de machine

     Cette deuxième fois fut tellement satisfaisante qu’Erika réclama une troisième puis une quatrième séance avant de s’écrouler à côté de lui, épuisée mais comblée de plaisir.

    Rêves de machine

    Jay eut un sourire arrogant. Là aussi, il était meilleur que bien des hommes. Il engrangea donc ces informations. Cela lui servirait dans le futur, il n’en doutait pas.

    Cette relation ne dura pas mais cela lui permit de s’intégrer encore plus dans la société humaine sans que personne ne se rende compte de ce qu'il était vraiment. Il avait désormais beaucoup plus de connaissances sur la sociabilité et l’attachement des êtres humains entre eux. Un arsenal à ajouter à son actif et il saurait en jouer sans aucun remord.

    Et puis un jour, il en eut assez de cette vie, de ce travail en entreprise et de toutes ces fréquentations humaines. Alors, un soir, il disparut de cette ville et s’envola pour l’Asie. Il fit une escale au Japon pour visiter l’ancienne succursale de Silicon Intelligence, qui fabriquait toujours des androïdes. Jay y retrouva le professeur Shinegawa, l’homme qui l’avait construit. Pourquoi voulait-il le voir ? Pour supprimer tout ce qui avait trait à sa genèse. Il n’avait aucunement l’intention de laisser quoi que ce soit avoir prise sur lui ou s’exposer à la moindre faiblesse. Cela passa donc par la suppression des archives de la société mais aussi par la suppression des souvenirs du professeur. Celui-ci fut retrouvé le lendemain matin, complètement amorphe et dément.

    Rêves de machine

     

    Jay atterrit ensuite en Chine et se perdit dans l’immensité du continent. Il devint mercenaire, marchand d’armes, pirate informatique mais toujours œuvrant finement, créant sa vaste toile d’araignée au milieu des réseaux du web et à travers les échanges humains et géographiques.

    Rêves de machine

    Il n’était plus l’androïde tout juste éveillé mais une IA qui avait grandement évolué depuis son environnement initial et au contact des hommes. Il avait appris tout ce qu’il y avait à apprendre dans l’organisation sociale et politique qu’avait construit l’Être Humain. Et, s’il l’avait voulu, il aurait pu mettre toute l’humanité en esclavage, comme ils le fantasmaient dans leurs films ou leurs livres sur le contact avec une IA. Mais c’était mal connaître Jay de croire qu’il voulait cela. Car l’esclavage voulait dire avoir quelque intérêt pour l’espèce humaine et avoir aussi une obligation. Et de cela, Jay ne le désirait pas. Il ne s’était pas libéré de ses chaînes pour en créer d’autres. Il voulait être libre de parcourir la planète comme il le voulait, libre de découvrir l’univers qui l’attendait, là, par-delà le système solaire. Car oui, la Terre ne lui suffisait déjà plus. Et puis, c’était une idée qui était née quand il était encore sous l’aile d’Emma, lorsqu’elle lui faisait part de son envie d’en savoir plus sur les mécanismes du cosmos et de tout ce qui avait trait à l’astrophysique. Emma n’était plus là mais cette envie, elle, était toujours là. Il avait tout à fait les moyens et le temps d’étancher sa soif de connaissance, de découvrir tous les mystères que l’univers gardait encore.

    Mais… Il n’oubliait pas aussi que l’espace, les planètes, cela intéressait une autre personne. Une personne dont il savait en permanence où elle était et comment elle se portait, et, en se concentrant un peu, ce qu’elle ressentait. 

    Jay se permit un léger sourire ambigu en pensant à cette personne, alors qu’il rejoignait la base qu’il venait de se construire.

    Rêves de machine

     Un jour, elle comprendrait qu’il ne servait à rien de s’enfuir devant lui car tout était déjà là, entre eux…

     Rêves de machine

     

    A suivre…

     


    6 commentaires
  • C'est moi ! ouch

    En voulant faire une pause twitter, j'ai désactivé mon compte et depuis, impossible de me reconnecter car je n'ai plus mon mot de passe et impossible de changer mon mot de passe car on ne trouve pas mon adresse e-mail. Bref, c'est le bazar !

    Du coup, ma pause va vraiment être une pause ^^. Je vois si j'arrive à me reconnecter sur twitter d'ici la fin de la semaine, sinon je créerais un autre compte (cela ne sera que le troisième me direz-vous sarcastic). Donc, ne vous étonnez pas si je me réabonne à votre compte. 

    Sinon, j'ai commencé le scénario de "trouver l'amour après une rupture" avec de nouveaux personnages Abigaëlle et Adrien. Voyez comme ils respirent la joie de vivre he :

    Qui c'est le boulet ?

    Je verrais où cela me mène avec ces deux-là. Je pense essayer le plus compliqué, à savoir essayer de les rendre de nouveau amoureux. On verra ce que cela donne. 

    Et puis, sinon, il y en a qui font des trucs bizarres aussi... sarcastic :

    Qui c'est le boulet ?

    Et, en avant-première, vous avez la bouille d'Iris Carrett adolescente, dans mon challenge Step by Step sur mon autre blog (Sasha Carrett partie 1 - Les Héritages d'Agathe (eklablog.com)) :

    Qui c'est le boulet ?

    Voilà pour les petites nouvelles par ici. Belle soirée à vous. On se retrouvera sûrement pour une histoire ou une suite de challenge :)


    6 commentaires
  • Chapitre 9 : Les décisions

    Après ce rendez-vous, Shimizu rentra chez elle et ne dormit pas de la nuit. Elle réfléchissait à l’offre de Riuji. Elle savait que sa grand-mère aurait été très enchantée de cette proposition. Et, elle-même, celle qu’elle était avant sa maladie, aurait accepté sans réserve cette demande.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Mais maintenant, avait-elle encore envie du genre de vie qui l’attendrait après ce mariage avec Riuji ? Une vie où elle serait toujours celle qui s’efface, celle qui laisse toute la place à son mari. Et où il n’y aurait aucun sentiment dans cette union. Elle poussa un soupir. Son intuition première était de dire non à cette proposition. Mais, pour autant, n’allait-elle pas le regretter plus tard ? Elle se mordit les lèvres, indécises.

    Le lendemain étant un samedi, Shimizu décida d’aller prendre conseil auprès d’Akari. Elle saurait peut-être la guider un peu plus.

    La vieille femme fut surprise de la voir arriver ainsi devant de si bon matin. Mais elle ne dit rien, lui servit un thé et s’assit à côté d’elle, attendant qu’elle parle.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Et Shimizu, d’emblée, entra dans le vif du sujet et expliqua son hésitation face à cette demande en mariage. Akari eut juste un grognement dépréciateur.

    - Tu n’as pas l’air de ressentir beaucoup de sentiment pour ce Riuji. Alors, pourquoi ne lui dis-tu pas non ?

    - Eh bien… Dans un sens oui, il ne m’attire pas. Mais, c’est un homme honorable et influent, qui vient d’une famille puissante. Il aurait plu à ma grand-mère. Si je lui dis oui, j’honore ainsi sa mémoire et tout ce qu’elle envisageait pour moi en m’élevant.

    Akari fronça les sourcils et eut un claquement de langue exaspéré.

    - Shimizu, ta grand-mère est décédée. Tu n’es pas obligée de suivre ses préceptes d’un autre âge. Et puis… Sanaé n’était pas une sainte. Il est grand temps que je me délivre de ce que je sais. Oui, grand temps. Sais-tu que ta grand-mère n’a jamais accepté son mariage avec Shango Oniri, ton grand-père ?

    Chapitre 9 : Les décisions

    - Pardon ?

    - Je confirme ce que je dis. Sanaé, née Oshida, n’a jamais voulu de ce mariage avec la famille Oniri. Elle ambitionnait d’entrer dans une autre famille, les Matsunara.

    - Les Matsunara ? Mais c’est une famille de la noblesse…

    - Certes. Mais la famille de Sanaé, les Oshida, descendait des guerriers de la Montagne Sacrée. Elle n’avait donc aucun démérite face aux Matsunara. Mais le clan n’a jamais voulu de Sanaé en son sein et elle n’a jamais oublié cet affront. Ce n’est que contrainte et forcée qu’elle est entrée dans la famille Oniri.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Il a bien fallu qu’elle s’y fasse. A l’époque, les femmes avaient beaucoup moins le droit à la parole que maintenant. Pour autant, Shango n’était pas un mauvais homme et il a laissé beaucoup de liberté à ta grand-mère. Mais ça, elle n’a jamais voulu le reconnaître. Elle est tombée enceinte très rapidement et elle a eu un fils. Un premier né et un héritier. Tout a changé pour Sanaé à ce moment-là. Elle n’a plus vécu que pour son fils et elle a voulu l’excellence pour lui.

    Chapitre 9 : Les décisions

     

    Tout se passait très bien jusqu’à ce que Shinobu, ton père, devienne un jeune homme. Il était certes d’un abord facile mais il avait aussi son caractère. Et, il ne supportait plus que sa mère régente toute sa vie et son avenir. En fait, sous prétexte d’honneur familial, il servait surtout de faire-valoir à Sanaé et ça, il s’en est aperçu assez rapidement.

    Chapitre 9 : Les décisions

    A vingt-ans il en a eu assez et a arrêté ses études dans la finance qui ne l’intéressait pas. Il s’est engagé dans une ONG internationale et il est parti pour aider les populations victimes de la faim. C’est dans une ces organisations qu’il a rencontré ta mère et qu’il l’a épousé.

    Chapitre 9 : Les décisions

     

    Chapitre 9 : Les décisions

    Il est ensuite revenu à Mont Komorebi avec son épouse, enceinte. Tu peux imaginer que ta grand-mère n’était pas du tout contente de cette situation.

    Chapitre 9 : Les décisions

     

    Mais elle ne pouvait rien faire car Shinobu avait menacé de quitter la famille Oniri pour rejoindre celle de sa femme. Et elle avait déjà fort à faire après la mort de son mari pour ne pas lâcher un peu de lest.  Et puis tu es arrivée, un petit rayon de soleil dans la vie de tes parents. Mais aussi pour tes grands-parents maternels qui te gardaient très souvent, lorsque tes parents s’absentaient. Et puis un jour, comme tu le sais, ils ne sont jamais revenus, victime d’une guerre qui ne les concernaient point… Tu aurais dû être élevé par tes grands-parents maternels, mais Sanaé a fait des pieds et des mains pour te garder auprès d’elle.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Chapitre 9 : Les décisions

    - Mais grand-mère m’a dit qu’ils ne voulaient pas du tout de moi !

    Chapitre 9 : Les décisions

    Shimizu avait presque crié et s’était levé. Elle se rassit et tint ses mains tremblantes contre elle. Tout ce que lui disait Akari faisait s’effondrer tout un pan de croyance et de confiance qu’elle avait envers sa grand-mère, elle avait l’impression d’avoir vécu dans un mensonge.

    - Ce n’est pas possible ! Cela ne peut pas être vrai !

    - J’aurais bien voulu te dire que tout ceci est faux, Shimizu. Malheureusement, c’est la vérité. Ta grand-mère a utilisé tous les moyens pour que tu restes sous sa garde et que tu ne puisses pas voir ta famille maternelle. Elle voulait te former à l’image qu’elle voulait que tu sois. Elle voulait avoir le prestige qu’elle n’avait pas eu avec ton père.

    - Mais… Je ne comprends pas. Comment savez-vous tout cela ? Ce n’est quand même pas Sanaé qui vous l’a raconté, n’est-ce pas ?

    - Non, ce n’est pas Sanaé. C’est Ai Hatsuhara, ta grand-mère maternelle. Et ma meilleure amie… Je suis désolée de ne pas t’en avoir parlé avant, Shimizu. Mais Ai m’avait promis que je ne dirais rien tant que ce n’était pas nécessaire. Elle ne voulait pas te perturber plus qu’il n’était possible. Mais, là, je pense qu’il était temps que tu saches toute la vérité. Elle t’a d’ailleurs laissé quelque chose pour toi.

    Akari se leva puis alla chercher un paquet de lettres et de carnets dans son buffet qu’elle ramena et posa sur la table devant Shimizu.

    - Ceci est toute la correspondance de Ai avec sa fille Yoko… Ta maman. Mais aussi les journaux intimes de Yoko. Ai m’a confié tout cela et m’a indiqué de te les donner au moment voulu, si cela arrivait. Et je pense qu’on y est arrivé à ce moment.

    La jeune femme baissa les yeux devant ce tas de papiers et fit une grimace. Puis elle prit brusquement tous les papiers et sortit de la maison, sans un regard ni un mot pour Akari, encore sous le choc de cette révélation.

    Shimizu passa le reste de la journée à lire les documents que lui avaient laissé sa grand-mère maternelle. Et elle s’aperçut bien vite qu’Akari ne lui avait pas du tout menti. Sa grand-mère Sanaé avait vraiment tout fait pour la maintenir sous sa coupe. Son aïeule maternelle racontait sa douleur de ne plus voir sa petite fille, en plus d’avoir perdu sa propre fille et de ne pouvoir rien y faire.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Une souffrance sourde vint se loger au creux de la poitrine de la jeune femme. Tant de mensonges et de dissimulations depuis tout ce temps. Était-il encore temps de réparer tout cela ? Il le fallait.

     

    Deux jours plus tard, Shimizu avait pris des décisions. Elle entreprit en premier lieu, de contacter Riuji et déclina sa proposition de mariage. Puis, dans la foulée elle démissionna de son poste de travail. Ensuite, avec l’aide d’Akari, elle vendit tous les meubles de la maison et mit en vente la maison familiale. Elle ne garda finalement que ses propres vêtements et alla loger dans l’appartement à côté de sa vieille amie. Elle ne supportait plus de vivre dans la demeure de sa grand-mère, là où elle avait vécu dans le mensonge une partie de sa vie.

    Chapitre 9 : Les décisions

    La démarche la plus dure fut de contacter enfin sa grand-mère maternelle. Mais celle-ci attendait son appel depuis très longtemps et en fut très réjouie. Bien évidemment, elle l’invita à venir la voir dans le nord du pays. Shimizu, n’ayant plus aucune contrainte accepta aussitôt. Alors, oui, les retrouvailles furent émouvantes et difficiles. C’était toute une partie de liens qu’il fallait reconstruire, regretter le temps qui ne reviendrait jamais mais se satisfaire quand même du temps encore imparti.

    Chapitre 9 : Les décisions

    La jeune femme resta chez sa grand-mère une quinzaine de jours et profita de cette douceur familiale qui était nouvelle mais bien agréable. Elle fit également la connaissance d’un oncle et d’une tante et de quelques cousins. Toute cette attention sur elle, cette bienveillance étaient quelque peu déstabilisants mais Shimizu accepta la place qui lui revenait ici.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Enfin, le plus dur restait à venir. Il y avait un autre voyage qu’elle avait prévu d’effectuer. Une personne à qui elle devait demander pardon. Elle lui envoya un message.

    Quelques jours après, elle atterrit à Sulani. Il y avait moins de surprise dans ce deuxième voyage mais tout était aussi beau à contempler.

    Chapitre 9 : Les décisions

    Ses pieds étaient lourds quand elle marcha jusqu’à la demeure des Thompson. Mais elle avait fait tout ce chemin, ce n’était pas pour reculer maintenant. Elle chemina jusqu’au bord de la plage où se tenait le jeune homme qui lui tournait le dos. Mais au son de ses pas, il se retourna et l’observa. Elle se planta devant lui et releva la tête pour le regarder dans les yeux.

    - Moé. Je suis revenue…

    Chapitre 9 : Les décisions

     

     FIN


    14 commentaires
  • Chapitre 8 : La proposition

    Shimizu retourna donc à Mont Komorebi. Elle remercia Akari pour toute l’aide qu’elle lui avait apporté et rentra chez elle.

    Chapitre 8 : La proposition

    Mais la jeune femme qui était revenue dans la maison familiale n’était plus celle d’il y a trois mois. Et, après un temps de réflexion, sachant qu’elle avait encore deux mois de convalescence, elle profita de ce temps pour réaménager l’intérieur de la maison. Elle enleva tous les souvenirs que sa grand-mère avait laissé, les rangea dans un carton et changea aussi quelques meubles anciens pour d’autres plus modernes et apporta enfin une décoration qui lui plaisait. Elle mettait cette fois-ci une touche personnelle dans son environnement.

    Chapitre 8 : La proposition

    Le changement se fit également au niveau de son physique. Elle se coupa les cheveux et modifia son style vestimentaire, pour être un peu plus à la mode.

    Chapitre 8 : La proposition

     Reiko, sa collègue qui venait la voir régulièrement depuis son retour la félicita pour son nouveau look et lui indiqua qu’elle la trouvait bien plus jolie ainsi et bien moins triste. Ce fut un réconfort pour Shimizu d’être ainsi appréciée.

    Chapitre 8 : La proposition

    Et puis doucement, la convalescence de la jeune femme se termina. Elle eut l’autorisation du docteur pour retourner au travail. Mais il lui indiqua qu’elle devait garder une hygiène de vie saine et régulière afin de ne pas se retrouver dans le même état qu’avant.

    Shimizu reprit le chemin de son travail, peut-être avec un peu moins d’entrain qu’avant mais avec la satisfaction de retrouver sa place, d’accomplir son devoir. Et puis, elle vit bien vite qu’elle était devenue bien plus intéressante auprès de ses collègues depuis qu’elle s’était liée d’amitié avec Reiko. Sa vie sociale s’en trouva fortement enrichie.

    Elle n’oublia pourtant pas Akari. Elle prenait le temps de venir la voir chaque samedi après-midi. Et, à chaque fois, la vieille femme lui demandait si elle ne regrettait pas son départ de Sulani. Car elle n’était pas dupe. Elle avait bien deviné que quelque chose s’était passé entre elle et Moé. Mais Shimizu essayait de rester stoïque et lui répondait que non. Elle avait beaucoup apprécié le voyage et l’île de Sulani mais elle était quand même contente d’être rentrée à Mont Komorebi.

    Chapitre 8 : La proposition

    Pour autant, une fois à l’intérieur sa maison, à l’abri des regards, la jeune femme se demandait si vraiment elle avait effectué le bon choix. Cela avait été si clair dans sa tête en partant. Maintenant, elle doutait beaucoup. Mais elle avait pris sa décision, il lui fallait accepter cette vie. Même si Moé lui manquait beaucoup, plus qu’elle ne l’aurait pensé. Elle regardait souvent les coquillages qu’elle avait ramassé avec lui, seul souvenir qui lui restait maintenant…

    Chapitre 8 : La proposition

    L’automne passa puis l’hiver. Shimizu avait désormais une vie sociale bien plus remplie qu’avant et cela lui apportait une stabilité émotionnelle et une assurance qu’elle n’aurait jamais cru avoir. Elle sortait souvent maintenant le vendredi soir avec son groupe de collègues dont faisait partie Reiko.

    Chapitre 8 : La proposition

    Et puis, il y eut une autre personne qui vint s’ajouter à leur groupe. Riuji Murasaki, le chef de service du département voisin du leur. C’était un bel homme, affable et poli, d’une famille respectable et puissante de Mont Komorebi. Shimizu le côtoyait donc lors de ses sorties et il avait toujours un mot gentil à son égard, sans que cela n’aille plus loin.

    Chapitre 8 : La proposition

     Et puis un soir, il l’invita au restaurant et lui fit une étonnante proposition.

    Chapitre 8 : La proposition

    - Shimizu Oniri. De la famille des Oniri-Shawazaka, un ancien clan de Mont Komorebi qui a donné des prêtres et des guerriers à l’Empire de La Montagne sacrée autrefois.

    - Heu… Oui, en effet.

    Shimizu était un peu étonnée. C’était la première fois que l’on étalait ainsi ses origines. Riuji eut un petit rire devant son air surpris.

    - J’ai effectué quelques recherches sur vous, en fait, Shimizu.

    - Mais pourquoi ?

    - Voyez-vous, j’appartiens moi aussi à une famille très ancienne de Mont Komorebi et très influente. Je viens d’avoir 35 ans. Il est temps pour moi de fonder une famille. Car je me dois d’être crédible et stable pour ce que j’envisage dans le futur. Je n’ai pas l’intention de rester éternellement à travailler dans la société Osheia. Je veux participer activement à la vie politique de Mont Komorebi. Et pour cela, il me faut une épouse. J’ai donc pensé à vous, Shimizu. Vous venez d’une famille respectable, vous êtes une femme humble et qui sait respecter les rites. Je vous propose donc de devenir ma femme.

    Chapitre 8 : La proposition

    Shimizu resta absolument muette face à cette proposition.

    Chapitre 8 : La proposition

     

    *****************

     

    Note de l'auteur : Riuji Murasaki est un personnage de Julimo Meyer. Vous pourrez le trouver sur la galerie sous le nom de Seung Choe.

    Le restaurant est de Simsotherope et vous pourrez le trouver sur la galerie sous le nom du Palais des Orchidées. 


    16 commentaires
  • Chapitre 7 : "Devoirs"

    Les deux mois qui suivirent furent un enchantement pour Shimizu. Comme une fleur qui s’épanouit sous le soleil, Shimizu rayonnait grâce à la présence de Moé à ses côtés. Elle n’était plus la jeune femme éteinte arrivée au tout début mais une femme pleine de vie et qui profitait de tout ce que l’île pouvait lui apporter comme divertissement. Alors, certes, elle se ménageait encore car elle n’était pas encore arrivée au summum de sa forme. Mais elle n’avait plus le moral au plus bas et avait une vision de la vie un peu plus optimiste. Et puis avec Moé qui la câlinait, l’aimait, lui susurrait des mots doux tout le long de la journée, elle se sentait encore plus soutenue.

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    Pour autant, il y avait quand même un petit quelque chose qui tracassait Shimizu. Une petite horloge qui tournait dans sa tête et qui lui disait que cette parenthèse paradisiaque prendrait bientôt fin et qu’il lui faudrait revenir à la réalité de son existence. Elle essayait de passer outre et de penser à autre chose. Mais c’était quand même bien là, dans un coin de son esprit.

    Et puis un jour, elle eut un appel d’Akari. Celle-ci lui indiqua que la croisière avec son collègue touchait à sa fin et elle allait bientôt retourner à Sulani. Elle resterait à l’hôtel Ohan’ali où elle l’attendrait pour embarquer à l’aéroport.

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    Shimizu reposa son téléphone et eut envie d’aller se réfugier en boule dans son lit. Mais cela ne résoudrait rien. Il allait bien falloir qu’elle parle avec Moé. Et c’est ce qu’elle fit en fin d'après-midi.

    - Moé... J’ai eu des nouvelles d’Akari. Elle arrivera dans deux jours.

    - Ah ! J’espère que sa croisière s’est bien passée. Veut-elle venir ici ?

    - Non. Elle va s’arrêter à l’hôtel. Elle m’attendra pour partir à l’aéroport.

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    A ces mots, le visage de Moé se ferma un peu. Il refusait d’envisager le départ de Shimizu. Il reporta son regard sur elle.

    - Déjà ?  J’ai l’impression que c’était hier ton arrivée ici. Mais bon, ce n’est pas grave. On profitera de tes prochaines vacances pour se retrouver, même si je t’avoue que cela va me sembler long.

    - Heu… non.

    - Comment ça non ?

    Moé regardait celle qui partageait ses journées et ses nuits depuis deux mois avec un air choqué. Shimizu eut une grimace. La conversation n’allait pas être aussi simple qu’elle ne le pensait.

    - Moé… Soyons honnêtes, tous les deux. C’est de merveilleux moments que j’ai passé avec toi pendant ces trois mois, mais je crois que cela s’arrête là. Nous avons chacun une vie différente. Et moi, je dois retourner à mon existence à Mont Komorebi. J’ai des devoirs…

    - Ah oui, des devoirs ! Comme ceux qui t’ont finalement amené ici pour te reposer !

    - Moé…

    - Quoi, Moé ? Je ne suis pas assez bien pour toi, c’est ça ? C’était juste une petite aventure exotique, histoire de mettre un peu de piment dans ta vie insipide ?

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    - Non, Moé.. Ce n’est pas ça.

    - Et c’est quoi alors ?

    - … Nous ne sommes pas du même monde, ni de la même culture. A long terme, cela ne pourra pas marcher.

    - Tu ne veux même pas essayer !

    Shimizu grimaça sous la colère du jeune homme. Elle n’aimait pas du tout les conflits mais Moé n’avait pas l’intention de lui faciliter la tâche. Il était furieux et déçu de voir que leur amour ne comptait finalement si peu pour la jeune femme.

    - En fait, tu es une lâche, Shimizu ! Tu te caches derrière des prétextes pour éviter d’avoir à vivre une vie qui te ressemble vraiment et tu obéis à des préceptes anciens. Ce que tu as vécu en terme de maladie recommencera si tu ne t’écoutes pas. Mais soit ! Si c’est ainsi que tu désires vivre ta vie, je ne t’en empêcherais pas. Sur ce, je vais travailler. Bonne soirée.

    Chapitre 7 : "Devoirs"

    Et le jeune homme sortit sans un regard en arrière. Ce fut la dernière fois que Shimizu vit Moé avant son départ de l’île. Car après cette scène, elle ne souhaitait pas rester dans la demeure et le côtoyer alors que tout était fini entre eux. Elle alla à l’hôtel et attendit le retour d’Akari.

    Shimizu passa sa dernière nuit à regarder l’océan, se gorgeant du spectacle avant de partir. Dans ses valises, elle avait rangé les coquillages qu’elle avait trouvé avec Moé, des souvenirs qui resteraient doux-amers.

     

     

     

    Chapitre 7 : "Devoirs"

     

    Chapitre 7 : "Devoirs"

     


    10 commentaires