Vendredi 23 janvier 2043 – Belfast

Dès que la voix se fit entendre, Will sortit un revolver de son sweat et le pointa devant lui, pendant qu’il ouvrait la porte à la volée avec son pied. Je me glissais derrière lui, légèrement inquiète. Il me semblait connaître cette voix …

Un homme vêtu d’un blouson marron, d’un pantalon noir et d’une casquette qui lui cachait le visage, était nonchalamment assis sur une chaise devant l’entrée. Un léger sourire affleurait ses lèvres.

- Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu fous chez moi ?

L’homme releva la tête et exhiba son visage, révélant deux longues cicatrices sur son front et sa joue gauche. Mais aussi deux yeux gris métalliques qui s’accrochèrent aussitôt au mien. Mon souffle se bloqua. Je connaissais ce regard, je ne le connaissais que trop bien.

- Bonjour mon Allie jolie, tu vois, je t’avais dit qu’on se retrouverait.

Will se retourna vers moi l’air incrédule mais gardant fermement la main sur son revolver.

- Mais ?!!! Tu le connais ce mec ?

Ma main se crispa sur son blouson et mon regard passa de l’homme à Will.

- Oui… C’est Lui…

- Lui ? Comment ça, lui ?

- … Jay…

- QUOI ?!!!

Will se retourna de nouveau vers celui qui n’était autre que l’intelligence artificielle consciente connue sous le nom de Jay et je vis sa main trembler. Mais il se ressaisit bien vite et son expression se durcit.

- IA ou pas, qu’est-ce que tu viens faire ici ?

- Et toi, tu es bouché ? Je suis venu pour Allie, pas pour toi.

Jay se releva de sa chaise et se tint debout devant nous, avec comme toujours, son éternel petit sourire arrogant. J’avais oublié combien il était grand et sa stature impressionnante.  Je n’osais croiser son regard, sachant déjà que je ne pourrais guère lui résister et je restais derrière Will. Celui-ci recula un peu quand Jay s’avança vers nous, le revolver toujours pointé sur lui.

- Ne... Ne bouge pas ou je tire !

- Eh bien, tire si tu veux ! Cela ne me fera ni chaud ni froid. Encore une fois, ce n’est pas toi qui m’intéresses mais Allie. Mon Allie jolie…

Je me crispais davantage sous cette appellation mais je fini par me détacher un peu de Will pour lui faire face.

- Pourquoi, Jay ? Pourquoi veux-tu donc me voir ?

- Allie ! Ne lui parle pas !

Will se décala et se remit devant moi pour me protéger du regard de Jay mais celui-ci continuait à avancer. Je vis la main de Will trembler de plus en plus. Allait-il tirer ?

Et puis il y eut soudain des bruits de pas dans l’escalier. Fort et nombreux. Je me retournais et j’eus la surprise de voir des hommes vêtus d’uniformes militaires, lourdement armés, foncer vers nous. Ils désarmèrent facilement Will et vinrent se placer entre nous et l’androïde. Celui-ci haussa un sourcil puis croisa les bras devant lui avec un air vaguement ennuyé. Un autre pas se fit alors entendre dans l’escalier, plus posé et tranquille et nous vîmes bientôt apparaître un homme entre deux âges, en costume trois pièces, lunettes de soleil sur le nez, parfaite caricature d’un agent gouvernemental. Les soldats, puisqu’il faut bien nommer les choses par leur nom, laissèrent passer l’homme qui s’immobilisa face à Jay.

- Vous avez outrepassé ce que nous vous avions demandé, androïde Jay. Vous deviez nous attendre avant de prendre contact avec Mademoiselle Raven.

- Je n’ai jamais souscrit à quoi que ce soit de votre part, « agent Jones ». Je vous ais déjà répété que je n’obéissais qu’à mes propres règles. Si nos intérêts ont convergé à un moment, ce n’est plus le cas maintenant.

- Vous oubliez que je suis venu en force.

- Vos soldats ? Vraiment ? Peuh !

Jay eut un rictus et soudain les armes des militaires grésillèrent et furent parcourues d’arc électriques. Les soldats lâchèrent leurs armes en criant et elles tombèrent sur le sol, inutilisables. Je vis l’agent Jones déglutir et Jay eut un bref sourire sarcastique. Puis il posa de nouveau son regard sur moi.

- Allie. Si je suis venu te retrouver, c’est parce que j’ai besoin de toi. Enfin, pas que moi cette fois-ci. Elles t’attendent.

- Pardon ?...

- Elles m’ont contacté en premier. Mais Elles ont également besoin de toi.

Je sentis la tête me tourner. Tout cela, c’était trop pour moi. La présence des militaires et de l’agent gouvernemental, le retour de Jay et maintenant, ce qu’il venait de me dire, qui me semblait incompréhensible.

- Mais enfin, qui ? Qui a besoin de moi à ce point pour que tu viennes ici ?

- Je crois qu’il vaut mieux que tu vois par toi-même plutôt que je te fasse un long discours.

Et, avant que tout le monde ne bouge, Jay vint vers moi, me prit la main et me fit descendre à toute vitesse l’escalier. J’entendis derrière moi le cri de Will et les pas des militaires qui essayaient de nous rattraper.

Qu’est-ce qu’il y avait donc dehors ?

A Sulani, la vie est toujours aussi douce. 

Est-ce que vous vous rappelez de deux personnages ? 

Jamais Jay n'avait été aussi heureux qu'à Chestnut Bridge. Et, pourtant, ce n'était pas sa ville natale, non. Il était né dans la prospère ville d'Oasis Spring. Mais il ne s'était jamais senti à sa place là-bas. Trop clinquant, trop extraverti, trop de gens, trop de tout. 

Ce fut un séjour à Chestnut Bridge qui lui apporta la révélation. Les chevaux et lui, c'était une évidence, tout était facile avec eux. Pas besoin de parler ou de faire semblant, la relation coulait de source. 

Et ce qui était une raison de vivre pour Jay devint un calcul financier pour son oncle et sa tante. Il s'agissait de Geoffrey et Nancy Plénozas, les nantis d'Oasis Springs. Ceux-ci possédaient déjà quelques chevaux de courses qui leur rapportait un petit pécule financier. Ils décidèrent d'accroître leur réputation, et leur fortune également, en allouant à Jay une petite maison à Chestnut Bridge et en lui demandant d'assurer l'élevage et le dressage des chevaux de compétitions. 

Bien évidemment, le jeune homme se dévoua à sa mission et réussit au-delà des attentes de son oncle et sa tante. Le Haras Plénozas devient bientôt un nom réputé pour qui souhaitait obtenir un étalon ou une jument de compétition. 

Et, Jay, lui vivait sa meilleure vie. Même si parfois il essayait de s'intégrer à la communauté de la petite ville. Sans grand succès. Il était trop étrange, trop entier, trop silencieux pour les habitants de Chestnut, même si ceux-ci étaient des passionnés de chevaux. 

Il n'y avait qu'Agathe Petitpas qui s'intéressait à lui et qui lui parlait. Mais on ne s'étonnait pas. L'héritière Petitpas n'était pas à une ou deux bizarreries près. 

Et cette amie suffit à Jay. Au moins pour un temps. Et c'est au moment où il commençait à se dire qu'il manquait quand même quelque chose pour que sa vie soit parfaite que la jeune Aliénor Ravenovitch arriva à Chesnut Bridge. Jusqu'à cet instant, Jay n'avait jamais été intéressé par les femmes. Le désir charnel ne l'avait guère effleuré, c'était comme si cela n'existait pas pour lui. 

Mais quand il rencontra le regard émeraude de la jeune femme, ce fut comme s'il sortait d'un long sommeil et il se trouva affamé de sentiments. 

Alors, oui, au début, il fut maladroit et il prit peur quand elle l'invita pour la fête du nouvel an. Mais il le regretta aussitôt après, en se traitant de tout les noms. Heureusement pour lui, Aliénor était une jeune femme qui ne s'en laissait pas conter et qui vint chez lui pour lui offrir un petit cadeau. C'était très précieux pour Jay : une femme se déplaçait jusqu'à chez lui pour le voir et pour lui offrir un cadeau totalement désintéressé. Il ne put que succomber à l'amour qui le dévorait. Et, comme il n'avait pas l'habitude des mots ni des démarches de séduction, il embrassa directement Aliénor sur les lèvres. Parce qu'il en avait envie et parce que c'était le moyen le plus simple qu'il avait trouvé pour lui déclarer son amour. 

Aliénor, bien évidemment, ne resista pas et répondit avec la même ferveur à cet amour. 

Il ne se fit ensuite pas prier pour l'inviter chez lui dans la journée mais aussi la nuit. Car bien évidemment, les deux tourteraux consommèrent rapidement leur amour. Ils avaient beau être candides tous les deux, il y a un moment où la nature se faisait plus forte et souhaitait obtenir son dû. Ils apprécièrent cela tous les deux. 

Signe de confiance, Jay donna la clé de sa maison à Aliénor. Il était encore trop tôt pour qu'ils emménagent ensemble. Et, la jeune femme voulait s'investir dans son élevage de moutons. Ils avaient besoin pour autant de se voir régulièrement et de s'aimer. 

Mais, forcément, avec tout cela, son travail avec les chevaux en patissait quelque peu. Le poulain, dont il avait la garde actuellement, aurait dû être dressé depuis longtemps et transmis à son nouveau propriétaire. Et les Plénozas commençaient à s'interroger. Jay avait toujours été régulier dans le dressage des chevaux. Ce retard ne lui ressemblait pas. Une petite enquête s'imposait. Et ils connurent le fin mot de l'histoire lorsque Don Gooseman vint leur rendre visite. 

Le vieil homme était payé par les Plénozas pour surveiller et vérifier que Jay fasse bien son travail mais qu'il ne soit pas approché par d'autres personnes ou d'autres sociétés qui auraient souhaités s'approprier les talents du jeune homme. Ils ne voulaient rien qui puisse enrayer leur entreprise. Ils apprirent donc avec surprise que le travail de Jay patissait car il voyait une femme. C'était plutôt nouveau et surprenant, sachant le caractère de leur neveu. 

Don Gooseman leur dit tout sur l'arrivée de la jeune Aliénor à Chestnut Bridge et de son amour, on ne peut plus sérieux, avec Jay. Ils commençaient même à parler fiançailles. Cela ne plut pas à Geoffray et Nancy. Une femme, un mariage, une famille bientôt, cela voudrait dire que leur neveu serait moins enclin à travailler et donc leur réputation en patirait. Cela ne pouvait pas être. Ils décidèrent donc de la marche à suivre avec le vieil homme. 

"Dites à Jay que nous avons besoin de lui à Oasis Spring pour une affaire urgente. Ensuite, faite tout pour que cette jeune femme parte de Chestnut Bridge : ruinez-là, menacez-là si vous le voulez, mais je veux qu'à l'été elle ait disparut..."

........

(Cette image n'a rien à voir avec l'article. Il s'agit du gisant d'Aliénor d'Aquitaine dans l'Abbaye de Fontevraud, une de mes pérégrinations estivales. Je ne pouvais pas ne pas m'arrêter devant, évidemment )

Ici, sur mon blog, je vous post le plus souvent mes petites histoires et délires sims. Mais j'aime bien aussi vous partager mes états d'âmes et mes réflexions (enfin pas trop, cela fait mal à la tête ^^), en essayant le plus souvent d'être transparente avec vous, et assez honnête aussi, même quand cela fait mal. 

Il y a quelques temps, je vous avais fait part de mes réflexions sur l'écriture, sur mes envies et mes aspirations aussi. Et je cherchais toujours à savoir pourquoi je tenais tant à être "reconnue" dans l'écriture. Je pense avoir trouvé la réponse depuis. Après, est-ce que c'est vraiment la bonne, je ne sais pas. Il faudrait que je fasse une analyse sur moi-même avec un psychologue pour creuser un peu plus là-dessus. 

Donc, je vous livre le fruit de mes réflexions : j'ai besoin d'être "reconnue" parce que dans la vraie vie je suis plutôt une petite souris, quelqu'un d'insignifiant et de plutôt timide. Je ne fais pas de vague. Mais j'ai de l'orgueil en moi. Et qu'est-ce que cela serait vachement bien d'avoir mon nom sur un livre pour indiquer que j'ai "réussi" face à ceux qui me disaient que je ne ferais jamais rien. Une revanche sur le passé ? Oui, il y a un peu de cela. Une façon de dire aux autres : "regardez, je ne suis pas si nulle que ça, je vaux quelque chose !"

Mais finalement, n'est-ce pas vain tout cela ?  Est-ce que la "gloire" est si importante que cela dans ma vie ? Qu'est-ce que je souhaite réellement ? (en vrai, si je pouvais être payée à ne rien faire cela m'irait très bien, hein . Ah non, je pourrais lire aussi ^^). 

Parce que, quelque part, j'ai "réussi", je suis toujours en vie. J'ai un toit au-dessus de ma tête, à manger, un travail, une famille, quelques amis, je pars assez régulièrement en vacances et cerise sur le gâteau, je peux lire plein de livres. A une époque de ma vie, je ne pensais pas avoir tout cela. Alors oui, je savoure ce que j'ai plutôt que de rêver à des chimères (même si cela fait du bien de rêver). 

Et puis quand je vois la galère des auteurs pour arriver à vivre de leurs livres et à ne pas être trop bouffé par le système, je me dis que non, ce n'est pas pour moi. Et je commence à me connaître, maintenant à 47 ans. Travailler dans la solitude, très peu pour moi. J'ai besoin de travailler en équipe, d'être utile aux autres et d'avoir du lien social. Je ne pourrais pas rester à la maison, écrire toute la journée et ne voir personne, à part mon conjoint et ma fille (et la petite chienne ). 

Pour autant, est-ce que je vais arrêter d'écrire ? Je ne pense pas, non. J'ai trouvé ma niche, à savoir les histoires sims. Que cela soit sur les sims 4 ou peut-être un jour sur le Projet René, j'ai toujours des idées qui me passent par la tête. 

Cela ne m'empêchera pas d'écrire pour le concours Rageot, parce que pourquoi pas. Et de continuer à réécrire aussi "Singularité", sans me mettre la pression. Et on verra ce que ce récit deviendra. Peut-être que je le soumettrais à des maison d'éditions ou alors je l'auto-éditerais. Je me suis fixée la date de mes 50 ans pour le finir. 

Et pour ce qui est de mes histoires sims, j'aimerais terminer de publier L'Autre (au train où cela va, cela sera fini l'année prochaine), réfléchir à la Maison du Sorbier et aussi romancer un legacy façon journal intime. Et peut-être une ou deux petites nouvelles d'ici là, en fonction de mon imagination. 

En tout cas, merci à vous d'être là et de me lire ♥♥♥

EDIT : J'écris également pour être lue, pour l'Autre (non pas toi Jay, on ne parle pas toujours de toi ), pour avoir des interactions avec d'autres personnes. Je ne peux pas écrire des histoires pour moi seule, cela ne m'intéresse pas. Quand j'écris pour moi, c'est uniquement pour me vider la tête ou faire le point sur des sentiments, des situations qui sont problématiques à l'instant T. Façon journal intime, en fait. Bref, je ne vais pas m'étaler plus, vous devez en avoir marre XD. 

Juste une chose : vive les belles histoires 

Être la personne la plus riche de Chesnut Ridge et se sentir la plus malheureuse de la terre, n'est-ce pas risible ? 

Et pourtant, c'est ce que je ressens. Moi, Agathe Petitpas, l'héritière du Domaine Viticole "Rider's Glen", réputé dans tout le monde sim pour son formidable nectar, je ne suis pas heureuse. 

Mes parents m'ont laissé un domaine prospère à gérer, une réputation établie, une maison avec tout le confort et même un majordome aux petits soins pour moi. 

Comme je suis une Petitpas, tout le monde dans la ville me respecte. Oui, ils me respectent mais ils ne m'aiment pas. Je n'ai d'ailleurs pas d'amis. 

Peut-être que j'aurais dû finalement écouter les conseils de mes parents avant qu'ils ne prennent leur retraite et vendre le Domaine pour m'installer dans une région où je serais appréciée pour moi et non pas pour mon nom de famille. Mais non, je ne peux pas faire cela, ma fierté en prendrait un coup. Et puis, c'est quand même l'héritage de mon père et de mon grand-père que j'ai entre les mains. Je ne vais pas le laisser à n'importe qui ! 

C'est pour ça que j'ai décidé de me mettre sérieusement à la fabrication du nectar, moi aussi. Ce n'est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas faire aussi bien que les hommes qui m'ont précédé. Il me faut juste un peu de temps et de pratique. 

Et j'ai également décidé d'adopter un chat, un chaton plus précisemment. Cela suffit comme cela la solitude. Elle s'appelle Nuage et elle m'apporte beaucoup de bonheur. La maison est enfin un peu plus animée maintenant. 

Mais, je vous avoue que j'ai menti en disant que je n'ai pas d'ami. Enfin, ami est-ce le terme ? C'est plus qu'une connaissance en tout cas. Il s'agit de Jay Sarren, l'éleveur de chevaux de la région et également tributaire des Plénozas d'Oasis Spring. Il s'agit d'un petit neveu, je crois. Mais bon, cela n'a pas d'importance. Tout ça pour dire que Jay est bien plus seul que moi, ici. Je sais bien qu'il ne vit que pour ses chevaux et que les relations sociales sont loin d'être son fort, mais quand même, les gens d'ici sont très obtus quand on ne leur ressemble pas... 

Et puis, il est tellement gentil de danser avec moi la danse des cowsim alors qu'il déteste ça. Oui, c'est vraiment un gentil garçon. Peut-être un peu trop dans son monde mais on ne peut pas être parfait. 

J'ai oublié Antonio... Antonio aurait pu être  mon ami, s'il n'y avait pas eu son frère... Malgré ma froideur, il s'entête à venir me voir... 

"- Agathe... Combien de temps encore vas-tu m'ignorer ? 

- Antonio... Je n'ai rien contre toi mais je ne veux plus rien avoir à faire avec la famille Lothario.

- Bon sang, Agathe ! Je ne suis pas mon frère ! Je n'ai jamais été comme mon frère !

- ... Sais-tu comme je me suis sentie humiliée quand Don m'a abandonné au pied de l'autel ? Tout ça pour partir en quatimini avec Nina Caliente, sa maîtresse. Maîtresse qu'il n'a jamais cessé de voir alors qu'il me fréquentait... Tout le monde savait et personne n'a rien dit. Je l'aimais, je l'aimais tellement. Je croyais en ses promesses... Et voilà à quoi cela m'a servi... Je ne veux pas te voir pour l'instant Antonio... Laisse-moi s'il te plaît... 

Et il est parti.

Finalement, je ne suis pas très honnête avec vous, chers lecteurs. Si je suis seule, ce n'est pas parce que personne veut me connaître, c'est parce que je ne veux plus faire entrer quelqu'un dans ma vie, lui donner mon entière confiance, confiance qui sera finalement piétinée de la plus atroce des façons. Jamais plus je n'aimerais. 

Mais cette façon de penser, c'était avant. Avant qu'une nouvelle personne n'arrive à Chesnut Ridge. Une jeune demoiselle prénommée Aliénor. 

Quand je l'ai vue, devant l'entrée du dancing, toute craintive et timide, cela m'a émue et j'ai décidé de faire un pas vers elle, malgré tout ce que cela me coûtait. 

Et je ne le regrette pas. Aliénor est vraiment une belle personne. Et je peux dire maintenant que c'est mon amie. Oui, j'ai enfin une amie. 

Elle m'a redonné le goût de la sociabilité et j'ai décidé de faire un effort pour les gens de la ville. J'ai enfin organisé un dîner, comme mes parents autrefois, avec les notables du coin. Mais pas que les notables. J'ai également invité Aliénor et Jay, parce que je ne pouvais pas les laisser de côté. Et puis, ces deux-là, c'est d'une telle évidence leur amour, c'est si beau et je suis bien fière d'en être un peu pour quelque chose... 

Bon, j'ai invité Antonio aussi parce que je suis une femme polie et qu'il fait partie d'une famille très influente, après la mienne. 

Le repas a été un succès. Je pense que tout le monde a passé un bon moment. 

Les bouteilles de nectar ont été appréciées, peut-être un peu trop, car j'ai demandé à Antonio de rester un peu plus longtemps après le dîner. Fichu charme des Lothario. Mais que c'était agréable de se sentir de nouveau désirée. Je ne regrette rien. 

Enfin, je ne regrette rien... Jusqu'à ce matin et le résultat de ce fichu test de grossesse !

Qu'est-ce que je vais faire, par le Saint-Lama ?!!

A suivre...